Aujourd'hui, je voudrais commencer la rubrique matériaux en parlant de mon expérience avec la terre crue. Depuis la première fois où j'en ai entendu parler, mon intérêt pour cette ressource naturelle utilisée dans la construction ne fait que grandir.
J'ai d'abord vu des amis travailler sur ce sujet pour leur mémoire de fin d'étude. Curieuse d'en savoir plus, je me suis lancée dans l'aventure pratique, au Ladakh en juillet 2014. Avec trois amis de l'école, nous sommes partis dans cette région du Nord de l'Inde participer à un workshop sur le campus de SECMOL (Students' Educational and Cultural Movement of Ladakh).
SECMOL (photo 2) est une école située sur les premières hauteurs de l'Himalaya, à 3500m d'altitude près de Leh (photo 1). C'est pour accueillir des élèves en échec du système scolaire équivalent à notre collège et lycée en France que Sonam Wangchuk a créé en 1995 cette école, qui ne cesse de s'agrandir depuis.
Une soixantaine de jeunes entre 12 et 20 ans viennent passer un, deux ou trois ans dans ce lieu entièrement construit en terre et en bois, quasiment auto-suffisant. Pour pouvoir repasser leurs examens officiels, ils y apprennent l'anglais, les mathématiques et l'histoire. La vie en communauté, l'autonomie, les responsabilités ainsi que les valeurs de respect et d'échanges tiennent une grande place sur le campus qui se veut une véritable école de vie.
A l'initiative de ce lieu, Sonam Wangchuk a voulu offrir une pédagogie alternative et valoriser les techniques traditionnelles de mise en œuvre oubliées. Peu à peu, la renommée du campus l'a transformé en véritable site expérimental concernant la construction bioclimatique en terre. Il vient d'ailleurs de recevoir le prix TERRA AWARD dans la catégorie "Workshop, formation, festival" décerné à Lyon en juillet dernier.
Sonam nous racontait que la recherche du terrain à bâtir idéal lui avait pris plusieurs années; une parcelle sur un flan de montagne proche d'un cours d'eau, orienté au Sud et encaissée au Nord. Une optimisation de l'orientation pour limiter les pertes de chaleurs au Nord et capter le maximum de rayonnements directs au Sud si importants pour la région.
WORKSHOP
En 2014, le workshop a eu pour objectif de débuter la construction d'une maison traditionnelle Ladakhi au milieu du campus pour l'accueil de futurs intervenants ou visiteurs.
Les journées se dont déroulées en trois temps d'études différents:
- les cours théoriques (donnés alternativement par Sourahb Pradkhe et Sonam Wantchuk)
- l’expérimentation par des travaux pratiques
- la pratique constructive sur le chantier.
Si nous avons organisé nos journées pour éviter les heures chaudes de la journée (jusqu'à 35°C), l'enjeu majeur de cette région réside dans la maîtrise du confort d'hiver. Là-bas, les températures approchent facilement les -30°C et les jeunes parlent toute l'année de leur séance de hockey sur le terrain glacé.
La maison a donc été conçue selon deux techniques constructives distinctes, le bloc de terre/paille pour les murs périphériques (Nord, Est, Ouest) et le mur de pisé pour la façade Sud et les cloisonnements intérieurs.
La première mise en œuvre, grâce à la paille et à l'air contenu dans les larges blocs, offre une très bonne isolation thermique. La seconde par l'importante inertie de la terre compressée, stocke la chaleur captée par la façade Sud.
Celle-ci adopte le principe du mur trombe où une fenêtre vient se placer devant un mur de couleur sombre (ici de terre) afin de bénéficier des apports gratuits du soleil. La chaleur captée le jour par la fenêtre s'accumule ainsi dans le mur qui, dans la nuit, la restitue dans le logement. C'est ce qui s'appelle le déphasage.
Après la théorie, la pratique.
L'équipe a été divisée en plusieurs groupe pour tourner sur les différents ateliers du chantier.
La production des blocs terre/paille s'est faite à part. L'argile très liquide (tournée à la bétonnière) est manuellement mélangée à la paille avant d'être compactée dans de grands emporte-pièces. Chaque brique a ensuite séchée au soleil plusieurs jours en étant tournée sur toutes ces faces.
Pendant ce temps, les fondations creusées ont été remplies de blocs de pierre, petits cailloux, de sable et d'eau. Chaque fondation s'est vues surmontée d'une rangée de pierre afin de constituer une base solide au blocs terre/paille.
Le mur de soutènement a aussi bénéficié d'une consolidation de ses joints pour retenir le terre-plein où s'implante le projet. Sujet à recevoir le ruissellement des eaux de la montagne, le terrain composé essentiellement de sable aurait risqué de s'affaisser sans un mur de soutènement solide.
Enfin, les banches ont pu être installées pour monter les premières cloisons.
Une fois les étais serrés, une première couche peut être déposée dans le fond du coffrage. Celle-ci sera faite d'un mélange intégrant du ciment afin de consolide la base et éviter les remontées par capillarité.
Ensuite, le mélange de gravier, sable et argile peut être ajouté. Il s'agit d'introduire 11cm et de tasser jusqu'à en obtenir plus que 7.
C'est à la force de nos bras que nous avons manipulé les masses que l'on trouve aujourd'hui souvent dotées d'un moteur pneumatique.
L'équipe a été divisée en plusieurs groupe pour tourner sur les différents ateliers du chantier.
La production des blocs terre/paille s'est faite à part. L'argile très liquide (tournée à la bétonnière) est manuellement mélangée à la paille avant d'être compactée dans de grands emporte-pièces. Chaque brique a ensuite séchée au soleil plusieurs jours en étant tournée sur toutes ces faces.
Pendant ce temps, les fondations creusées ont été remplies de blocs de pierre, petits cailloux, de sable et d'eau. Chaque fondation s'est vues surmontée d'une rangée de pierre afin de constituer une base solide au blocs terre/paille.
Le mur de soutènement a aussi bénéficié d'une consolidation de ses joints pour retenir le terre-plein où s'implante le projet. Sujet à recevoir le ruissellement des eaux de la montagne, le terrain composé essentiellement de sable aurait risqué de s'affaisser sans un mur de soutènement solide.
Enfin, les banches ont pu être installées pour monter les premières cloisons.
Une fois les étais serrés, une première couche peut être déposée dans le fond du coffrage. Celle-ci sera faite d'un mélange intégrant du ciment afin de consolide la base et éviter les remontées par capillarité.
Ensuite, le mélange de gravier, sable et argile peut être ajouté. Il s'agit d'introduire 11cm et de tasser jusqu'à en obtenir plus que 7.
C'est à la force de nos bras que nous avons manipulé les masses que l'on trouve aujourd'hui souvent dotées d'un moteur pneumatique.
Il a été très instructif de découvrir "comment faire" pour savoir "comment dessiner". Je pense aussi que notre vision de la conception et des choix qu'elle implique a évolué grâce à cette immersion au cœur d'un chantier en terre crue. Construire avec ce que l'on a sous nos pieds en tirant parti de ce qui se trouve au-dessus de nos têtes est un des points clés de la conception de Sonam. Valoriser cette démarche induit la prise en compte et le respect des environnements : une meilleure façon de connaître ce qui nous entoure pour mieux y habiter.
« Work is an expression of who you are! »
Sourabh Pradkhe
> Le site du campus (qui propose deux sessions l'été (juillet/août) de workshop sur les thèmes de la terre crue et du bioclimatisme):
http://www.secmol.org/
> Site du Centre international de la construction en terre:
http://www.craterre.org/
> Le retour d'expérience de deux archies qui font le tour de France des réalisations contemporaines en terre:
https://terrescontemporaines.com/
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