Les batiments #1 Le naturoptère en poème
17/10/2016
Le Naturoptère
Bâtiment d’accueil du public dédié à Jean Fabre
grand entomologiste
grand vulgarisateur
A coté de sa maison,
À
coté de son jardin botanique
Découpe
des ombres dures
Il
peut faire très chaud
Alors,
au Sud
Le grand toit se développe
Couvert
de végétation jusqu’à son bord mince et ondoyant
Rencontre
de la géométrie du dedans
Avec
celle du mouvement solaire
Rejoint
presque
Les
plantes de façade
Les
répartiteurs d’eau pluviale
Assurent
l’humidité sous le forget
Les
oiseaux nichent...
Les
insectes passent
S’installe
la fraicheur produite par le vivant
Le
sol jardiné remonte contre les allèges
Offrant
sous les baies Sud
Un
pied de façade plus frais
Un
pied de façade
pour de minuscules habitants
Dedans,
Nous
plaçons le lourd :
Notre
éponge à calories
Un
mur de béton de chanvre
Assurant
par ailleurs la tranquillité acoustique,
La
douceur de l’aspect...
Il
contraste avec cette échine puissante...
Portant
une promenade sur le toit, protégée d’une pergola
Elle
permet de rejoindre le village
L’inertie
thermique masse de béton brute est donc au centre
Accompagnée
d’un sol béton isolé en sous-face
Ici
pour se laver les mains
Avec
la terre du sol qui affleure
Bordée
de rochers bruts
Juste
à l’angle
sort l’eau d’une source
Discrètement,
Elle
bruite dans le hall et assure la vie de plantes d’eau :
Autre
fraicheur
La
façade s’abaisse
Equipée
d’ouvrants à ficelles
Protégés
de ventelles fixes
Elle
s’incline aussi,
Allongeant son ombre de midi
Elle
s’enfonce dans le terrain
Pour
garder un peu plus la fraicheur.
Elle
offre une vue :
Le
nez dans les herbes folles
Une
vue haute traverse les bois au dessus des larges baies
Les
débords qui limitent l’ardeur du soleil...
...
disent en même temps notre espace orienté
Partout:
des
ouvrants à ventelles, et des fixes vitrés
La
possibilité d’un courant d’air nocturne......quand
le bâtiment est inoccupé
Les
courants d’air traversants mis à disposition.
A la
bonne heure !
A la
bonne heure de l’ombre
Une ambiance de cave ou presque
Une ambiance de cave ou presque
Une
lumière de sous-bois
La
lumière amortie renforce la sensation de fraicheur
C’est
pour le côté Nord
Le sud lui, est inondé d’un flux lumineux
Que colorent les jeux de la charpente
Les
blocs de service maçonnés dont on voit ici la tête...
...passent
sous la charpente.
Leur
plafond de béton a été coulé sur la terre du chantier
Nous
ne proposons pas un «bâtiment-crustacé» avec une carapace extérieure,
Nous
proposons un «bâtiment-vertébré» pour habiter entre le lourd et le léger
Et
dont le site alentour..
(qui
n’est qu’un intérieur plus grand)...
...porte
la vitalité.
Alors,
on recommence avec l’eau et la terre pour finir au ciel étoilé plafond ultime
de notre premier plancher
Les
façades agissent comme des peaux différenciées...
...L’espace
est traversant
Les portes au-dedans, par le traitement du passage...
...
participent à l’inertie.
Les
portes au dehors...
...
accueillent par un creux d’ombre
La
végétation grandit dans la proximité
Il
élève l’albédo
Les
bois flottés intérieurs venant de la rivière...
...nourrissent
(modestement)
la fraicheur extérieure de quelques camions de moins...
...comme
à leur façon:
le chanvre ou le bois de charpente, la terre sur le toit
ou les
gros rochers.
...comme
ici le parking et les chemins creux...
...
qui sont en terre stabilisée
Car
la fraicheur n’est pas juste un peu de froid
Yves
Perret
Architecte DPLG
Cette
visite, guidée par les mots a été poétiquement lue à trois voix lors du 5e congrès BDM par Yves Perret, Dominique Farhi, architectes du projet et Joseph Jacquin-Porretaz, directeur de l'établissement.
Ce texte a été publié avec l'aimable autorisation de son auteur, merci!
Ce texte a été publié avec l'aimable autorisation de son auteur, merci!
J’ai
pu faire l’expérience du Naturoptère l’année dernière. Si vous avez l’occasion
de vous y rendre, n’hésitez pas, le lieu vaut le détour !
Pour
en savoir plus :
Le
site du Naturoptère.
Les textes d'Yves Perret:
L'évier à deux trous (éd. Plaine page, collection Courts circuits, 2014)
D'architecture cent mots dire (éd. Espérou, 2015)
D'autres écrits
Congrès du bâtiment durable 2016
02/10/2016
Le 5e congrès du bâtiment durable était organisé par Envirobat BDM à Marseille les 14, 15 et 16 septembre derniers. J’ai pu assister aux conférences et profiter des retours d’expériences sur plusieurs projets autour du thème principal de cette année : le confort estival.
Avec d'autres anciens étudiants, nous étions chargés d'illustrer un atelier par jour et nos dessins ont été publiés quotidiennement sur les réseaux du groupe Envirobat BDM.
Petites présentations et résumés en dessins de ces trois jours.
Petites présentations et résumés en dessins de ces trois jours.
1e jour :
Atelier « Enseignements des DOM pour faciliter les projets sans clim »
Ce premier jour a mis les tropiques à l'honneur.
Ecole Ouayaguette - Collège de Païamboué - Illustration Sarah Guémené |
(Illustration de gauche)
Claire Lallié, venue de l'autre bout du globe, nous a présenté le très précis projet de l'école de la tribu Ouayaguette en Nouvelle Calédonie, conçu avec Pierre Clément.
Située dans la chaîne centrale du Nord de l'ile, il faut près de deux heures en 4x4 pour parcourir les 45 km qui séparent l'école de Hienghene.
Hors VRD et les honoraires, le budget pour ces deux salles de classes s'élève à 175 000€, soit 1750€ le m2.
Claire Lallié, venue de l'autre bout du globe, nous a présenté le très précis projet de l'école de la tribu Ouayaguette en Nouvelle Calédonie, conçu avec Pierre Clément.
Située dans la chaîne centrale du Nord de l'ile, il faut près de deux heures en 4x4 pour parcourir les 45 km qui séparent l'école de Hienghene.
Hors VRD et les honoraires, le budget pour ces deux salles de classes s'élève à 175 000€, soit 1750€ le m2.
Ecole Ouayaguette - Façade Sud Est |
La transversalité entre les acteurs a été primordiale durant le processus de conception, d'expérimentation et pendant tout le temps du chantier. Les futurs usagers, les charpentiers, les bureaux d'études et les architectes ont travaillé ensemble à l'adaptation des salles aux contraintes géographiques, au choix du juste matériau et à l'expérimentation de leur mise en oeuvre.
Ainsi, l'ossature, la charpente et le bardage sont en bois - le pinus du plateau de Tango, l'isolation en copeaux de pinus et lait de chaux. Le mur intérieur de séparation est en terre locale (technique du pisé) et le parquet en bambou.
En plus de la ventilation traversante, des brasseurs d'air participent au confort thermique.
Des panneaux photovoltaïques ont pu être installés en regroupant des kits existants et en adaptant les équipements.
D'avantage de détails ici.
Collège Païamboué |
(Illustration de droite)
On reste en Nouvelle Calédonie pour le collège Païamboué à Koné conçu par André Berhier et Joseph Frassanito de l'Atelier Moncada. Gabrielle Raynal du bureau d'études DoMEnE, était aussi présente ce jour là.
Construit en terre kanak, le collège à reçu le Terra Award 2016 cet été dans la catégorie équipement scolaire, sportif ou santé.
L'équipe a choisi une écriture contemporaine tout en valorisant la main d'oeuvre et les ressources locales et en respectant l'architecture bioclimatique mélanésienne.
Les bâtiments ont été implantés de part et d'autre du talweg arboré. C'est une coursive, couverte et bardée de bois, qui relie les salles d'enseignements à l'Ouest à la restauration et l'administration à l'Est.
Ce sont les bâtiments orientés Nord/ouest-Sud/Est (administration, locaux des enseignants, CDI, locaux sportifs, salle d'étude et vie scolaire) qui ont été réalisés en pisé stabilisé d'une épaisseur de 40cm. Le confort d'été est assuré par trois types de stratégies: des brasseurs d'air, des espaces ouverts 100% traversants et la climatisation pour les bureaux.
Les ouvrages en bois orientés Nord-Est/Sud-ouest (enseignement et restauration), bénéficient d'une surtoiture et de protections solaires latérales. Ici aussi, des brasseurs d'air sont utilisés en période chaude et les jalousies sont ouvertes les 3/4 du temps d'occupation.
Malheureusement, la surtoiture prévue sur les bâtiments en pisé n'a pu être réalisée. Par ailleurs, les matériaux de finition intérieure industriels et non locaux affectent le bilan énergie grise.
A la rentrée, les élèves et leurs parents ont été surpris et émerveillés par ces matériaux peu courants et esthétiques. Le coeur de brousse conservé, crée un contact direct avec la nature et un cadre apprécié des collégiens.
Siège du parc national de Guadeloupe (Périne Huguet) - Illustration Sarah Guémené
|
Périne Huguet, son architecte, a développé les points forts et les (quelques) points faibles de ce bâtiment bioclimatique implanté à Basse Terre.
La préservation du site et le confort des usagers faisaient partie des priorités de ce projet. Le bâtiment vient donc s'implanter dans la pente, au plus près du terrain en contournant les arbres, sauf un. Pour éviter l'imperméabilisation du sol, les toitures ont été végétalisées (conservant ainsi la superficie des surfaces filtrantes précédent l'implantation du bâti).
Siège du Parc National, Façade Est |
En terme de performances énergétiques, ce sont les principes des négaWatt qui ont été appliqués et le bâtiment évite ainsi 35 tonnes de CO2 par an :
- Sobriété: minimiser les besoins
- Efficacité: optimiser les solutions techniques
- Renouvelable: recours aux énergies renouvelables
5 à 10% du temps d'occupation annuelle est cependant situé en inconfort thermique relatif; Une donnée annoncée en amont aux futurs occupants et acceptée par ces derniers.
« Je n'ai jamais officié dans un environnement aussi "zen" et bien adapté à mes besoins. » (Maurice Anselme, directeur du Parc National Guadeloupe)
La qualité des ambiances thermiques (notamment grâce à la ventilation naturelle et aux patios) et la lumière naturelle sont des points forts du bâtiment dont le travail sur l'enveloppe est un vrai atout pour le confort des usagers.
Seuls regrets, les eaux pluviales ne sont pas réutilisées et l'isolation acoustique serait perfectible entre les bureaux.
2e jour :
Atelier « Le grand Ouest maritime »
Venus avec Christian Charignon de l'agence Teknê parler du siège social de Notre Logis, Bruno Georges, ingénieur au bureau d’étude ITF, est convaincu que les obstacles ne sont pas techniques mais culturels.
L’un des plus importants travaux à faire est auprès des usagers pour leur sensibilisation au bioclimatisme. Il semble également essentiel que les élus et les maîtres d’ouvrages encouragent et accompagnent des projets moins énergivores.
C'est grâce au décloisonnement entre les professions qu'une pensée plus globale sera possible. L'informatique par exemple, est un apport interne non négligeable qu'architectes et ingénieurs doivent prendre en compte pour le confort thermique général.
L’un des plus importants travaux à faire est auprès des usagers pour leur sensibilisation au bioclimatisme. Il semble également essentiel que les élus et les maîtres d’ouvrages encouragent et accompagnent des projets moins énergivores.
C'est grâce au décloisonnement entre les professions qu'une pensée plus globale sera possible. L'informatique par exemple, est un apport interne non négligeable qu'architectes et ingénieurs doivent prendre en compte pour le confort thermique général.
PhilippeMadec, architecte et Alain Bornarel, ingénieur (bureau d’étude TRIBU) nous ont exposé le cas de la ventilation naturelle dans le logement sur la côte Atlantique.
De la simplicité de placer une fenêtre dans la salle de bain à l’ingéniosité des tourelles à vent en toiture, je vous invite à suivre les liens des trois projets que j'ai illustré pour en savoir plus :
De la simplicité de placer une fenêtre dans la salle de bain à l’ingéniosité des tourelles à vent en toiture, je vous invite à suivre les liens des trois projets que j'ai illustré pour en savoir plus :
3e jour :
Atelier « Biodiversité »
Pour clôturer le congrès, le paysage était à l'honneur.
Michel Reynaud (2APMR) nous a parlé de l’importance du végétal et de la création d'un territoire avant de penser l’implantation d’un bâtiment.
Lors de la première journée, cet architecte, urbaniste et paysagiste de la Réunion nous avait présenté des logements et bureaux organisés en un ilot ouvert largement végétalisé; Un véritable atout pour le conforts des usagers.
C’est aussi l’avis de Didier Larue, le paysage végétal doit être soigneusement travaillé en amont et la gestion des eaux pluviales pris en compte dans la conception.
Illustration Sarah Guémené |
Michel Reynaud (2APMR) nous a parlé de l’importance du végétal et de la création d'un territoire avant de penser l’implantation d’un bâtiment.
Lors de la première journée, cet architecte, urbaniste et paysagiste de la Réunion nous avait présenté des logements et bureaux organisés en un ilot ouvert largement végétalisé; Un véritable atout pour le conforts des usagers.
C’est aussi l’avis de Didier Larue, le paysage végétal doit être soigneusement travaillé en amont et la gestion des eaux pluviales pris en compte dans la conception.
« Vivre avec la nature plutôt que contre »
La biodiversité, contrairement à la monoculture, permet l’infiltration des eaux dans le sol.
Par la diversité des essences, la taille et le port des arbres ainsi que la densité des feuillages, la végétation à maturité joue le rôle de tamisage pour filtrer les vents dominants.
Par la diversité des essences, la taille et le port des arbres ainsi que la densité des feuillages, la végétation à maturité joue le rôle de tamisage pour filtrer les vents dominants.
Outre la symbiose créée entre bâti et végétation, c’est tout un écosystème qui est favorisé par le développement de la faune. Oiseaux, petits mammifères, insectes et papillons participent à l’équilibre subtil d’un habitat confortable. Il s’agit dès lors de « vivre avec la nature plutôt que contre » elle comme le suggère François Navarro, paysagiste.
Didier Larue nous a présenté quatre points selon lui essentiels à considérer lors de la conception : créer une canopée pour la ville, apporter de la fraicheur, penser des lieux agréables sans oublier la beauté des bâtiments. Didier Larue n’a cependant pas oublié de préciser les difficultés que l’on rencontre face à ces idéaux. La maintenance est compliquée et l’investissement inhabituel mais il s’agit de « créer de l’habitat pour tous, de la bactérie dans la terre aux humains des habitations en passant par les oiseaux et les lézard. »
François Navarro insiste sur l’importance de retrouver un imaginaire lorsque l’on pense un jardin. L’esthétique visuelle et le confort thermique doivent s’accompagner des plaisirs olfactifs, odorants et même gustatifs.
Connaitre les lieux et cerner les risques, considérer le climat et les essences locales, ne plus craindre les arbres fruitiers -et ses abeilles, sont autant d’habitudes à prendre pour « faire autrement », pour faire mieux.
En conclusion lors de la dernière table ronde du congrès, Yann Dervyn (groupe Effinergie), nous présentait une liste (non exhaustive) d'investissements majeurs pour assurer les conforts d’été que j'ai retranscrits ici :
- Une forte inertie et/ou des parois massives
- Une protection solaire des baies vitrées
- Des parements intérieurs lourds
- L’ajustement et la limitation des surfaces vitrées
- Une protection des façades ou une sur-ventilation des parements au soleil
- La limitation des apports internes
- Des aménagements intérieurs optimisés
- L’aménagement des abords
- Une isolation à « forte » capacité thermique
- Des choix de vitrage spéciaux, hygroscopiques
- Des systèmes de rafraichissement
A l'année prochaine !
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